17 – Le Temps
Paroles
Salut, moi c’est le temps.
Bah ouais le temps, j’suis là
J’étais là avant toi
Je suis là depuis, pfff, je sais même pas d’ailleurs
Cherche pas toi tu comptes les jours
Moi je compte les tours de galaxie
Alors tu vois,
On est loin de ton sur aiguille une pendule,
Franchement, j’ai l’air d’une aiguille ?
Crois-moi elle aura le temps de rouiller ta pendule
Je suis bien plus que ça
Je suis un bosseur moi, j’ai pas d’vacances pas d’arrêt maladie
Pas de week-end, sans cesse prisé
Je suis pris, en permanence
J’t’ai jamais abandonné
Et sans moi ton espèce de vie là, elle aurait aucun sens
—
Bon,
Les présentations faites,
Laisse-moi te remettre les pendules au cœur,
L’heure c’est pas moi, c’est pas de moi
Tu comprends ça ?
C’est votre délire à vous !
C’est vous qui avez décidé qu’une minute ça ferait soixante secondes,
Et puis une seconde on a qu’à dire que c’est ça
Et puis soixante minutes on appellera ça une heure,
Et puis dans une année on mettra douze mois,
À une époque y’en avait dix, c’était pareil, c’était juste plus simple à compter,
Faut que tu te rendes bien compte que quand tu comptes,
C’est pas moi que tu comptes
C’est une quelconque unité de mesure
Moi je peux allumer le soleil, j’peux filer les étoiles, j’peux cacher la lune
J’peux faire défiler des vies
Mais c’est pas moi le réveil qui te secoue le matin
Alors calme-toi
Je suis ni contre toi, ni pour toi
Pourquoi tu veux me défier ?
Je suis juste là c’est tout
Tu veux pas te lever tu te lèves pas
C’est pas un soucis
J’y peux rien non plus, si t’es tout le temps à la bourre
Arrête un peu tes « je suis trop overbooké quoi, j’ai pas le temps »
Et prends-le
Enfin, j’veux dire prends-moi
Enfin, on se comprend.
Parfois t’y arrives, en plus
Tu ne t’en rends même pas compte
Mais je t’assure
Parfois, tu m’attrapes
Suspendu dans l’équilibre, à figer le monde pour
Un sourire. Un baiser. Un regard. Un « Je t’aime ». Un orgasme.
—
Et quand tu dors, alors là, j’passe carrément à la trappe
Alors, vexé, je m’évade dans le vide jusqu’à ce que tu reprennes conscience
Quand la journée arrive, en revanche
Tu as du mal à suivre la cadence
Encore une fois, c’est votre cadence, hein pas la mienne
Pas la peine de me craindre
Quand le stress te prend au bide
Je te serre comme un serpen-sant que je n’avance plus
Tu te brides, alors que si. J’avance.
C’est toi qui est sans cesse pressé, tu cours dans tous les sens
N’importe comment, en te donnant l’air important
Et bien, tu sais quoi ? Tu es ridicule ! Voilà !
T’espère quoi en t’agitant comme ça ?
Me dépasser ? Me doubler ? Me berner ? Me contrer ?
Mais à quoi ça sert ?
C’est perdu d’avance !
Moi au moins je suis sincère.
C’est sûr je suis relatif
Mais j’ai jamais dit le contraire
C’est toi qui t’efforces de m’uniformiser
C’est fou, vous, les humains vous voulez toujours tout standardiser
Il faut les mêmes baskets, les mêmes voitures, les mêmes habits,
Les mêmes musiques, les mêmes films, les mêmes bières
Et même moi, le temps
Le concept le plus abstrait et subjectif qu’il soit
Vous voudriez que je sois pareil partout, dans toutes les têtes !
N’importe quoi !
Va voyager à l’autre bout du monde tu verras si je suis le même partout !
Tu verras qui contrôle qui, vous pouvez pas tout contrôler.
Regardez ce que vous avez fait de la nature !
Si c’est pas une belle bande de névrosés ça !
Moi, j’te l’dis hein, vous m’aurez pas
Impossible
Je suis un au-delà qui vous dépasse
—
L’explosion de la galaxie
Alors quand je vous vois prier votre Dieu là
Ça me fout un peu les boules
Je sais ça devrait me passer au-dessus mais quand même,
Des millions d’années pour en arriver à ce que vous êtes
Et j’ai même pas un petit hommage de temps en temps
J’avoue je suis déçu
Y’a bien eu deux ou trois personnages à la con, genre chronos
Mais c’en était un parmi d’autres
Puis vous l’avez vite zappé, c’est dommage
Ça va que j’ai pas de problème d’ego parce que franchement
C’est pas cool
Je suis pas un mec parmi d’autres moi, je suis le temps
Si j’arrêtais de m’écouler
Ton petit monde anthropocentré là
Et bien, il s’écroulerait !
Au fond c’est pas grave, mais arrête au moins de m’en vouloir comme ça
Pour tout et n’importe quoi
Un coup j’passe trop vite, un coup je passe trop lentement
Un coup tu t’ennuies, un coup tu cours trop, un coup t’as envie de faire pipi
Ho ! C’est bon !
Accepte-moi simplement.
Allez viens,
On fait la paix ?